Moïse Maïmonide (1138-1204)

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Moïse Maïmonide (selon une représentation artistique fréquente)


Moïse Maïmonide est un rabbin andalou du XIIe siècle (Cordoue, Fostat).

Médecin, philosophe juif, commentateur de la Mishna, jurisconsulte en matière de Loi juive et dirigeant de la communauté juive d'Égypte, il excelle dans tous ces domaines et est considéré comme le « second Moïse du judaïsme ». Il influence également le monde non juif, notamment Thomas d'Aquin, qui le surnomme « l'Aigle de la Synagogue ».


Éléments biographiques
Moshe ben Maïmon naît en 1138 à Cordoue, qui est alors sous domination almoravide. Sa famille a pris le nom d’Ibn Abdallah d’après l’aïeul Ovadia (Ovadia et Abdallah signifient "serviteur de Dieu" en hébreu et en arabe respectivement), et siège au tribunal rabbinique de la ville depuis sept générations. Une tradition fait remonter leur ascendance à Juda Hanassi (toutefois, elle pourrait simplement indiquer qu’il y eut entre l’ancêtre de Maïmonide, Ovadia, et son père, Maïmon ben Yossef HaDayan, sept générations, de même qu'il y en eut sept entre Juda Hanassi et son ancêtre Hillel l’Ancien).

Le père de Maïmonide est une autorité respectée, consultée de part et d’autre de la communauté juive arabophone. Sa mère meurt alors qu’il est encore jeune. Il a également un jeune frère, David.

Maïmonide apprend auprès de son père la doctrine et les enseignements de Joseph ibn Migas (ce dernier meurt lorsque Maïmonide est âgé de trois ans).

Vers l'âge de 13 ans, il fut contraint à l'exil lors de la prise de Cordoue par les Almohades. La famille Maïmon émigra vers le Maghreb occidental almohade (actuel Maroc), où le jeune Moïse s'instruisit en sciences juives et profanes. Il lut Aristote, Hippocrate et bien d'autres et prit connaissance des écrits d'Averroès à la fin de sa vie, il est donc possible qu'il ait été influencé par lui.

Cependant, Fès devint rapidement elle aussi le théâtre de disputes sur fond d'intolérance religieuse, et vers 1165 la famille Maïmon dut émigrer en Palestine. C'est là que mourut le Rav Maïmon en 1170, après avoir encouragé sa famille à descendre en Égypte, où Maïmonide fut prié par toutes les communautés de devenir leur rabbin. Il n'avait que quarante-deux ans, mais le karaïsme dominait en Égypte, et seul un homme de sa stature serait capable d'y faire face.

À la mort dans un naufrage de son frère David, dont le commerce de perles assurait leur subsistance, il refusa de « se faire une couronne de la Torah », et exerça la médecine pour subvenir à ses besoins. Son cabinet était ouvert à tous, juif, chrétien, musulman, riche ou indigent. Il parvenait encore à donner de magistrales leçons de philosophies, suivies de tous, et des cours d'études sacrées. Il devint rapidement médecin attitré du secrétaire de Saladin, ce qui lui valut autant d'inimitiés des médecins égyptiens que de membres de la communauté juive qui le soupçonnaient de vivre comme un converso.

Cette assertion, fausse, provient de ses rivaux, mais aussi de son disciple préféré, Joseph ibn Aqnin, auquel Maïmonide destina le Guide des égarés. Joseph avait transitoirement feint d'embrasser l'islam, avant de fuir, et de se rendre en Égypte, où il trouverait refuge auprès d'un érudit réputé nommé Moussa bin Maimun. Bien qu'il n'y ait pas eu de mauvaise intention de sa part, il est fort probable qu'il porta une grande créance à cette hypothèse, y donnant par là même beaucoup plus de crédit.

Par ailleurs, dans son Épître aux Juifs du Yémen, Maïmonide écrit effectivement qu'il n'y a ni honte ni disgrâce à se convertir sous la contrainte, et que mieux vaut un Juif converti mais vivant, pour autant qu'il continue à pratiquer sa religion en secret, qu'un Juif mort. Quant à Maïmonide lui-même, sa personnalité était trop forte, et son prestige trop grand pour qu'il dût y recourir : le Roi Richard lui-même souhaita l'attacher à sa cour, offre que Maïmonide déclina.

Il mourut à Fostat, mais fut enterré à Tibériade, aux côtés de son père. Son fils Avraham Maïmonide fut également médecin et philosophe.

Sa première grande œuvre fut le Commentaire sur la Mishna. En théologie, il est notamment l'auteur du Mishné Torah, ouvrage monumental rédigé en hébreu, et non en arabe ou en araméen comme il était d'usage, et destiné à remédier à la dispersion millénaire des règles de la pratique juive (Mishna). Son œuvre dans ce domaine constitue encore le socle de la loi rabbinique.

Comme philosophe, il introduisit la logique aristotélicienne dans la pensée juive et ouvrit des pistes dans les domaines de la psychologie et de l'éthique. Mais son apport essentiel consiste en une conciliation de la science et de la religion qu'il expose dans son Guide des égarés écrit cette fois en arabe. Maïmonide estime que la recherche sans préjugés de la « vérité scientifique », loin d'exclure Dieu, amène à mieux connaître sa perfection - pensée que l'on retrouve d'une certaine manière chez un autre Cordouan musulman, Averroès.


Influence
Maïmonide fut l'un des rares penseurs du judaïsme médiéval dont l'influence rayonna au-delà des cercles juifs.

Cette influence perdura jusqu'aux Lumières : Spinoza, Moïse Mendelssohn, considéré par certains comme son successeur (pour certains, il serait même « le troisième Moïse ».

De nos jours, il est l'un des philosophes juifs les plus respectés et ses théories reprennent force et vigueur dans la pensée juive contemporaine.

Au cours des siècles suivants, l'influence de Maïmonide fut source de conflits entre maïmonidiens et antimaïmonidiens. Mais la plupart des penseurs restent partagés, reconnaissant le génie de l'homme et sa vision aristotélicienne du monde, mais rejetant les éléments qu'ils considèrent comme en désaccord avec la tradition.

Le plus important critique de la philosophie maïmonidienne, et aristotélicienne en général, fut Hasdaï Crescas, l'auteur de Or Hashem. Sa critique entraîna de nombreux savants du XVe siècle à défendre les travaux de Maïmonide.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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